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Au matin, Lachlain resta allongé près d’Emmaline, mal réveillé, plus heureux qu’il ne l’avait été depuis des centaines d’années.

Évidemment, il venait de passer près de deux siècles en enfer ; il était propre, rassasié, et il avait dormi comme une souche, sans être dérangé par les cauchemars horribles qui l’avaient harcelé cette dernière semaine.

Sa compagne avait passé presque toute la nuit parfaitement immobile, crispée, peut-être pour éviter d’éveiller sa concupiscence au moindre mouvement. Si c’était ce qui l’inquiétait, elle avait raison. Grâce à elle, il avait joui avec une violence surprenante… mais, une fois soulagée la douleur sourde qui lui tenaillait le ventre, il mourait toujours d’envie d’être en elle.

Il l’avait serrée contre lui des heures durant, incapable de la lâcher. Jamais encore il n’avait passé la nuit avec une femelle – cela ne se faisait qu’avec l’âme sœur –, mais il aimait cela, c’était indéniable. Beaucoup. Il se rappelait aussi lui avoir parlé… mais pas ce qu’il avait dit à ce moment-là. En revanche, il se souvenait de sa réaction à elle, de la détresse qui s’était inscrite sur ses traits, comme si elle se faisait enfin une idée exacte de sa situation.

Quand elle avait cherché à s’échapper une fois de plus, il s’était amusé à la laisser croire qu’elle allait y arriver, avant de la ramener en arrière puis de la recoucher près de lui. Après être devenue aussi inerte qu’une poupée de chiffon, elle avait fini par perdre conscience. Il ignorait si elle s’était évanouie et, à vrai dire, il s’en fichait.

Les choses auraient sans doute pu être pires. S’il devait posséder une vampire, autant qu’elle soit belle. Emmaline était une ennemie, une détestable buveuse de sang, mais elle était belle. Parviendrait-il à lui faire prendre un peu de poids ? Était-ce possible pour une créature pareille ? À moitié endormi, il lui toucha les cheveux. Pendant la nuit, il s’était aperçu qu’ils bouclaient à qui mieux mieux, une fois secs, et s’avéraient d’un blond plus clair qu’il ne l’aurait cru. À présent, il contemplait avec admiration les longues mèches soyeuses qui brillaient au soleil. Magnifiques, même sur une vampire…

Le soleil.

Sainte Mère de Dieu ! Il bondit du lit pour fermer les rideaux, puis retourna en courant prendre Emmaline dans ses bras, avant de la tourner vers lui.

Elle ne respirait qu’à peine, incapable de parler. Des larmes roses coulaient de ses yeux terrifiés. Quant à sa peau, elle était brûlante, comme celle d’une malade en proie à la fièvre. Il se précipita avec elle dans la salle de bains, où il tripota divers boutons jusqu’à ce qu’une cascade glacée envahisse le réduit vitré, dans lequel il s’engouffra sans lâcher sa compagne. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne laisse échapper une quinte de toux, inspire à fond, puis redevienne inerte entre ses bras. Lachlain fronça les sourcils. Il se fichait pas mal qu’elle soit brûlée. Il l’avait bien été, lui. À cause de la Horde, à laquelle elle appartenait. Tout ce qu’il voulait, c’était la garder en vie, le temps de s’assurer que ce n’était pas son âme sœur.

D’ailleurs, les preuves s’accumulaient. Si cette femelle avait réellement été sa promise, jamais il ne se serait dit : Maintenant, au moins, tu sais quel effet ça fait. Lui qui n’avait eu qu’un but dans la vie : trouver celle qui lui était destinée pour la protéger, la préserver de toute souffrance. Il délirait… Son esprit lui jouait des tours. Forcément…

Il resta sous l’eau jusqu’à ce que la peau douce d’Emmaline se rafraîchisse, la débarrassa de sa chemise de nuit trempée afin de l’essuyer, lui en enfila une autre, d’un rouge encore plus profond, puis la recoucha. Il n’avait pourtant pas besoin de cette couleur pour se rappeler à quel monstre il avait affaire.

Quant à lui, une fois rhabillé malgré l’état lamentable de ses vêtements, il se mit à tourner en rond dans la chambre en se demandant ce qu’il allait pouvoir faire de cette femelle. Quelques minutes plus tard, elle respirait normalement. Un rose délicat lui était remonté aux joues. Résistance vampirique, évidemment. Il avait toujours eu horreur de cela, et il n’en détesta que davantage la créature.

Son regard se posa sur la télé, qu’il examina avec attention, dans l’espoir de trouver comment l’allumer. Bientôt, il secouait la tête devant la simplicité des créations modernes et pressait intelligemment le bouton ON.

Au fil de la dernière semaine, il avait eu la nette impression que le moindre habitant de Paris et des environs s’installait chaque soir devant un de ces appareils. Lachlain possédait une vue et une ouïe aiguisées, qui lui avaient permis de les voir et de les entendre de l’extérieur. Il grimpait dans un arbre, avec la nourriture qu’il venait de voler, puis s’installait de manière à se laisser matraquer par les informations disponibles dans chacun de ces engins. Et voilà qu’il en avait maintenant un pour lui tout seul. Il passa un petit moment à presser des boutons au hasard avant de tomber sur un programme de nouvelles. En anglais, sa langue à elle et une des siennes à lui, même s’il ne l’avait pas pratiquée depuis près de deux siècles.

Il entreprit de fouiller la pièce, l’oreille tendue, attentif aux expressions inconnues et aux mots nouveaux qu’il retenait instantanément. Les Lycae possédaient la capacité de se mêler aux humains, car ils apprenaient facilement langues, dialectes, expressions de tous les jours… Simple mécanisme de survie. Ne te fais pas remarquer, ordonnait l’instinct. Engrange le maximum d’informations. Ne néglige aucun détail. Ou alors, tu es mort.

Il passa en revue les affaires de sa captive. En commençant par le tiroir aux chemises de nuit. La lingerie était de taille plus réduite qu’autrefois… et donc plus séduisante. Lachlain imagina Emmaline dans chacun de ces chiffons de soie, il s’imagina l’en débarrasser à coups de dents – malgré la perplexité où le plongèrent certains des minuscules dessous. Lorsqu’il comprit à quoi servait un string et se représenta la belle endormie ainsi parée, il faillit jouir dans son pantalon.

Ensuite vint le tour du placard, empli de curieux vêtements, rouges pour la plupart, et beaucoup trop révélateurs. Pas question que sa compagne quitte la chambre dans des tenues pareilles.

Il vida par terre le sac qu’elle portait lors de leur rencontre et dont le cuir était fichu. Le petit tas humide contenait un appareil argenté, sur lequel figuraient des chiffres… Lachlain fronça les sourcils. Un téléphone. Il secoua l’objet puis, comme il en coulait un peu d’eau, le jeta par-dessus son épaule.

Une sorte de boîte en cuir plate renfermait une carte d’une matière dure qui n’était autre qu’un « permis de conduire de l’État de Louisiane ».

Des vampires en Louisiane ? Il n’en avait jamais entendu parler.

D’après la carte, la créature s’appelait Emmaline Troie. Il resta un moment figé, à évoquer les longues années pendant lesquelles il avait désespérément souhaité disposer d’un nom ou du moindre indice susceptible de l’aider à trouver l’âme sœur, puis ses sourcils se froncèrent : il ne se souvenait pas s’il s’était présenté, lui, durant cette nuit de folie…

Toujours d’après la carte, Emmaline mesurait 1 mètre 62, pesait 48 kilos et avait les yeux bleus. Bleus… un mot trop fade pour une couleur pareille.

Il y avait aussi un petit portrait d’elle, un sourire timide aux lèvres, les oreilles dissimulées par ses tresses blondes. Le portrait était stupéfiant. On aurait dit un daguerréotype, mais en couleurs. Lachlain avait vraiment des tas de choses à apprendre !

Emmaline était censée être née en 1982. Mensonge, évidemment. Physiologiquement, elle n’avait dépassé la vingtaine que de quelques années, mais chronologiquement, elle était plus âgée, bien sûr. La plupart des vampires existaient depuis des siècles.

Mais pourquoi ces saletés de sangsues s’étaient-elles rendues en Louisiane ? Avaient-elles triomphé ailleurs qu’en Europe ? Et, si oui, qu’était-il advenu du clan de Lachlain ?

À cette pensée, il jeta un coup d’œil à Emmaline, qui dormait toujours comme une souche. Si c’était bel et bien son âme sœur, il ferait d’elle sa reine ; ses frères de race à lui deviendraient ses sujets à elle… Impossible. Ils la réduiraient en lambeaux à la première occasion. Lycae et vampires étaient ennemis jurés depuis le chaos nébuleux des prémices du Mythos.

Ennemis jurés. Voilà pourquoi il fouillait avec impatience dans le petit tas disposé par terre : pour étudier l’adversaire… pas parce que cette femelle éveillait sa curiosité.

Il ouvrit le petit carnet bleu d’un passeport, où il trouva un autre portrait, au sourire visiblement forcé, puis une « carte d’alerte médicale » d’après laquelle Mlle Emmaline Troie souffrait d’« allergie au soleil et de photosensibilité extrême ».

Lachlain se demandait encore s’il s’agissait d’une plaisanterie, quand il tomba sur une « carte de crédit ». Il avait vu des réclames pour ce genre de choses à la télé – les réclames lui en avaient sans doute appris davantage que le type sinistre qui débitait les nouvelles, assis à un bureau. Bref, il savait que ces fameuses cartes permettaient d’acheter tout ce qu’on voulait.

Or il avait besoin de tout, puisqu’il entamait une nouvelle vie. Le plus urgent était cependant de s’habiller correctement et de s’éloigner de Paris. Vu son état de faiblesse, il ne pouvait s’attarder dans un endroit où la Horde était consciente de sa présence. Et, tant qu’il n’aurait pas mis de l’ordre dans cette histoire, il serait obligé d’emmener la créature. Il faudrait donc veiller sur elle pendant le voyage.

Lui qui avait passé des années à tuer les vampires, il se retrouvait contraint d’en protéger une…

Persuadé qu’elle dormirait jusqu’au crépuscule – et que, de toute manière, elle ne s’échapperait pas de jour –, il décida de redescendre au rez-de-chaussée.

Les coups d’œil interrogateurs qui n’allaient pas manquer de l’épingler, il y répondrait par une arrogance menaçante. Si son comportement laissait transparaître sa méconnaissance de l’époque actuelle, il jetterait à ceux qui s’en étonneraient un regard si direct que la plupart penseraient l’avoir mal compris. Ce regard-là avait toujours terrifié les humains.

L’audace, voilà ce qui faisait les rois. Il était temps que Lachlain recoiffe sa couronne.

 

 

Il réussit à rassembler pas mal d’informations durant son excursion. Première leçon : la carte de crédit dont il s’était emparé – une « American Express » noire – trahissait la richesse. Pas étonnant : les vampires étaient riches, de toute éternité.

Deuxième leçon : le réceptionniste d’un hôtel de luxe comme le Crillon pouvait vous rendre la vie très facile… s’il vous prenait pour un riche client excentrique, un peu perdu, qui s’était fait voler ses bagages. Alors que, au départ, l’employé avait eu un instant d’hésitation, puisqu’il avait osé demander à « M. Troie » de fournir si possible une preuve de son identité.

Lachlain s’était légèrement penché afin de le regarder de haut, l’air partagé entre la colère soulevée par cette question impudente et la honte pour celui qui avait eu l’indélicatesse de la poser.

— Non.

Réponse négligemment menaçante, succincte, définitive.

Le réceptionniste avait sursauté comme à une détonation. Il avait dégluti puis, toute hésitation envolée, s’était plié aux exigences les plus bizarres. Quand « M. Troie » avait demandé les horaires du lever et du coucher du soleil, puis quand il avait décidé de les consulter en dévorant un steak de six cents grammes, son interlocuteur n’avait même pas sourcillé.

Quelques heures plus tard, le riche client disposait de beaux vêtements adaptés à sa charpente imposante, d’un moyen de transport, d’argent liquide, de cartes routières et de réservations d’hôtel pour les nuits suivantes. Bref, de tout le nécessaire.

Lachlain avait découvert avec plaisir en quoi consistait ledit « nécessaire ». Cent cinquante ans plus tôt, l’humanité détestait l’eau, au grand dam des créatures du Mythos – presque toutes de véritables maniaques de l’hygiène corporelle. Les goules elles-mêmes se baignaient plus souvent que les humains du XIXe siècle. Mais voilà que la propreté et le matériel requis pour l’obtenir faisaient à présent partie du « nécessaire ».

Si Lachlain arrivait à s’habituer au rythme de vie trépidant de cette époque, peut-être en viendrait-il à l’apprécier.

En fin de journée, lorsqu’il en eut terminé avec les corvées, il s’aperçut qu’il n’avait pas perdu sa maîtrise de soi ni même eu à combattre la bête une seule fois. Or les Lycae étaient sujets aux crises de rage – il leur fallait des années pour apprendre à se contrôler. Si on ajoutait à cette tendance l’enfer qu’il venait de traverser, on pouvait légitimement s’étonner qu’il n’ait eu qu’une ou deux flambées de colère. Il lui avait alors suffi de se représenter la vampire endormie dans ce qui était désormais sa chambre à lui, son lit à lui. Cette image l’avait calmé. La créature lui appartenait, il en ferait ce qu’il voudrait. Cette certitude l’aidait à affronter les souvenirs.

À vrai dire, maintenant qu’il avait les idées plus claires, il mourait d’envie de l’interroger. Pressé de la retrouver, il considéra l’ascenseur. Ce genre d’appareil existait déjà avant son emprisonnement sous terre, mais à l’époque, il s’agissait d’aménagements réservés aux riches indolents. Tel n’était plus le cas aujourd’hui. Tout le monde était censé s’en servir. Il s’en servit donc afin de regagner son étage.

Dans la chambre, il ôta sa veste neuve puis s’approcha du lit pour examiner la belle endormie à loisir en attendant le crépuscule. Dire qu’il s’était laissé illusionner au point de prendre cette… femme pour son âme sœur.

Il écarta les épaisses boucles blondes du visage à l’ossature fine, aux pommettes hautes et au menton délicat. Lorsqu’il suivit du doigt les contours de l’oreille dévoilée, sa pointe remua à ce contact.

Jamais il n’avait vu une créature pareille. Son aspect d’elfe la plaçait à mille lieux des grands vampires mâles violents, aux yeux rouges, qu’il exterminait un à un.

Bientôt, il aurait recouvré la force de recommencer.

Les sourcils froncés, il souleva la main que sa captive avait posée sur sa poitrine et l’étudia de près. Un entrelacs de cicatrices presque invisibles en déparait le dos. Le lacis de fines lignes blanches évoquait une brûlure, mais s’interrompait à la naissance des premières phalanges et du poignet. On aurait dit que quelqu’un avait attrapé Emmaline par les doigts pour présenter le dos de sa main au feu… ou au soleil. Quand elle était très jeune, avant que l’immortalité ne fige son corps. Punition vampirique classique, sans aucun doute. Quelle espèce répugnante.

Sans laisser à la rage le temps de l’engloutir, Lachlain promena le regard sur le corps de la belle, puis la découvrit complètement. Toujours plongée dans le sommeil, elle ne s’en formalisa pas.

Non, elle n’avait rien à voir avec les femmes qui l’attiraient en général. Pourtant, quand il baissa le haut et releva le bas de sa chemise de nuit jusqu’à son nombril, apparurent des seins menus mais aux courbes parfaites. D’ailleurs, ils s’étaient merveilleusement bien logés dans les mains de Lachlain, la veille, et leurs mamelons durcis l’avaient terriblement excité.

Il promena un doigt sur la taille de guêpe, avant de descendre vers les boucles blondes du sexe. Il fallait reconnaître que ce qu’il voyait lui plaisait fort et qu’il avait très envie d’y goûter.

Quel immonde salaud ! Avoir des pensées pareilles devant une vampire, la trouver excitante… Mais, après tout, il avait des circonstances atténuantes, puisqu’il n’avait pas vu de femelle de son espèce depuis près de deux siècles. C’était la seule et unique raison pour laquelle il salivait rien qu’à l’idée d’embrasser cette créature.

Le crépuscule approchait. Elle ne tarderait pas à se réveiller. Pourquoi ne pas l’y aider, en lui dispensant le plaisir qu’elle avait refusé la veille ?

Quand il écarta ses cuisses blanches soyeuses pour s’installer dans l’espace ainsi délimité, elle gémit doucement, sans ouvrir les yeux. La nuit précédente, elle avait vaincu le désir par la peur ou la fierté, mais son corps n’en implorait pas moins le soulagement. Elle avait besoin de jouir.

Cette pensée à l’esprit, Lachlain ne chercha pas à se montrer subtil, mais se jeta sur Emmaline en véritable affamé. À peine l’eut-il goûtée qu’il émit un râle de plaisir délirant, enfouit son visage hagard dans une humidité délicieuse et se mit à donner des coups de hanches quasi inconscients contre les couvertures. Comment pouvait-il la trouver aussi exquise ? Comment pouvait-il trouver cela aussi fabuleux… à croire que c’était bien elle qu’il avait attendue un millénaire ?

Lorsque les cuisses minces se refermèrent autour de lui, il pénétra sa compagne de sa langue raidie puis lui suça le clitoris, avant de relever les yeux. Les mamelons qui le dominaient s’étaient transformés en petites pointes dures. Emmaline haletait, le souffle rauque. Ses bras se posèrent sur la tête de Lachlain.

Elle dormait toujours, oui, mais elle était au bord de l’orgasme. L’air était devenu curieusement électrique, ce qui lui hérissa le poil – un malaise que le goût de sa conquête lui fit aussitôt oublier. Il la savourait, de plus en plus mouillée sous ses lèvres.

Quand elle se raidit, il comprit qu’elle se réveillait.

— Viens, grogna-t-il contre sa chair. Donne-toi.

Elle plia les jambes, les genoux remontés contre la poitrine pour poser les pieds sur ses épaules. Intéressant, mais il voulait bien être pendu si…

La violence du coup le projeta à l’autre bout de la chambre.

La douleur qui envahit son épaule lui apprit qu’il souffrait d’une déchirure musculaire. Une brume rouge engloutit son champ de vision, obscurcit ses pensées. Il fondit sur l’adversaire en rugissant, la repoussa sur le lit où il l’immobilisa, puis ouvrit son pantalon et empoigna son érection, prêt à évacuer sa tension-fou de rage et de désir, sourd aux avertissements de l’instinct : Elle ne se résignera pas, elle se brisera. Tu vas détruire ce qui t’a été donné…

Les crocs de sa captive lui apparurent, dévoilés par des halètements de terreur. L’envie irrésistible de la faire souffrir s’empara de lui. Une vampire lui aurait été donnée, à lui ? Ses souffrances ne connaîtraient donc pas de fin ! Ni sa haine.

Ses bourreaux avaient gagné, une fois de plus.

À son rugissement de fureur répondit un hurlement. La lampe en verre et la télé volèrent en éclats, tandis que la porte coulissante du balcon se fissurait puis tombait en miettes. Les tympans de Lachlain faillirent exploser. Il bondit en arrière, les mains pressées sur les oreilles. Qu’est-ce que c’était que ça, bordel ?

Un cri tellement aigu qu’il était permis de se demander si les humains l’entendaient…

Emmaline bondit du lit, tira sur sa chemise de nuit pour la rajuster en jetant à Lachlain un regard de… de confiance déçue ? de résignation ? puis se glissa entre les lourds rideaux pour se précipiter sur le balcon.

Il fait nuit, pas de problème, songea-t-il. Elle peut si elle veut. Il assena au mur un grand coup de tête, puis de poing. Fou de désir. De haine. En proie au souvenir des flammes, de l’insupportable douleur. L’os se brisant sous ses mains tremblantes…

S’il était condamné à subir ces réminiscences, à en porter le fardeau, il aurait aussi bien pu rester là-bas, prisonnier du brasier. Plutôt mourir.

Peut-être était-il censé violer la créature. Lui transmettre sa souffrance. Mais oui, bien sûr. Cette pensée l’apaisa. Une vampire lui avait été donnée pour qu’il en jouisse et se venge, ni plus ni moins.

La tête haute, il s’approcha du balcon.

Lorsqu’il tira les rideaux, son souffle se bloqua dans sa gorge.

Morsure Secrète
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